1. |
L'étrangère
03:48
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Derrièr’ les rideaux dans un canapé de cuir est une grande fille
bell’ comme au lido avec un joli sourire et de très grandes quilles.
Ell’fait dans ses mains,
le dessin d’un chien,
fidèle et couché
qui lui chauff’ les pieds.
Langoureuse un peu pas trop mais en sous-vêt' elle va voir à la glace
comme ses cheveux, silencieuse comme muette, se torsadent et s’enlacent.
Elle attend un Jules,
une espèc’ de mule
qui lui fait l’amour
sans lui dir’ bonjour.
Miroir et image elle remet de la couleur blanche sur ses pommettes
sans hâte et sans rage, elle sait fair’ battre son cœur, et se dit c’est
trop bête :
D’être à ce garçon
qui sent le poisson.
Il vient tout à l’heure,
je l’sais c’est son heure.
Ell'vêt une robe une veste un pantalon, elle pinc’ ses cheveux
Les cache sous un bob, met en ordre le salon, et puis elle fait un vœu
Le veux-tu toi l'chien,
- Toi qu’est l’seul typ’ bien -
veux-tu prendr’ la fuite ?
Si oui, c’est tout d’suite...
Dans les rues de l’ombre, elle va là où la mènent son cœur et son instinct.
Fille de la tombe et puis fill’ de la peine, ô la pauvre putain.
Mais seule elle se perd,
elle n’a pas de flair.
Et puis cette ville,
la rend malhabile.
Les rues sans lumièr’s sont celles où l’on chemin’ quand on a pas d’espace
Que lui veut la terre, as-tu vingt ans la gamine, on choisit pas sa place.
Où est son pays ?
Mais qui vit ici ?
Qui sont tout ces gens
aux airs importants ?
Ell’ parle à personne, pour la raison que la langue elle ne la connaît pas.
Ell’ s’appelle Yvonne et tous les soirs si elle tangue des hanches, c’est pour toi.
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2. |
Lù
03:43
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Je vous ai apporté un paquet d’églantines
Et puis tout un bouquet de belles capucines
Y’en a d’toutes les couleurs, y’en a pour tous les cœurs,
Prenez-en c’est pour vous, moins celle-ci c’est pour Lù.
Je vous ai apporté des bottes de pensées
Y’en de toutes les sortes, elles aiment se mélanger
Des roses et puis des bleues qui caressent les yeux
Allez-y, servez-vous, moins celle-ci c’est pour Lù
Les filles mon père
Elles m’animent sévère
Mais c’est Lù mon père
Qu’a la fleur qu’j'préfère !
Je vous ai apporté cent trente et une violettes
Autant que toutes les semaines que j’vous ai dans la tête
Qui ça ? Voyons personne, occupez-vous d' votre homme !
Et prenez ces fleurs vous, moins celle-ci c’est pour Lù.
Je vous ai apporté des brassées de glaïeuls
Madame passez bien l’bonjour à votre filleule
En souvenir de son joli petit bidon
Et de ses vrais bisous, moins cette fleur c’est pour Lù !
Les filles ma mère
Elle m’animent sévère
Mais c’est Lù ma mère
Qu’a la fleur qu’j'préfère !
Je viens de récolter cent cinquante trois mille roses
J’ai les mains toutes griffées mais c’est pour quelque chose
C’est pour flancher un cœur et pour gagner mon beurre
Madame je suis fleuriste et pour ma Lù...
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3. |
La garde
03:16
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Y’avait une fleur aujourd’hui sur une branche jolie,
Dans le froid de février qu’est tout gris dur à porter.
Mais y’a une fleur aujourd’hui de l’horizon à ma folie,
Sous le ciel de février, rosée elle semble l’été
Je m’approche doucement
Le cœur plein d’sentiments
Comme en fleurs j’n’y connais rien
J’n’ai pas trop l’air malin
Y a mon collègue aujourd’hui dans la guérite de la folie
Qu’a des médaille qu’est décoré qui roupille toute la journée
Y a mon collègue aujourd’hui dans la guérite pas jolie
Qu’est rosé, qu’est amoché en février et toute l’année.
Je m’approche doucement,
Lui d’mande gentiment
« En nom d’fleurs j’n’y connais rien
Dis sais tu qu’elle est le sien ? »
« Qu’es t’a’ pauv’ type aujourd’hui, tu fais le beau cœur pour qui
Fais ton boulot et fait pas chier pauvre tapette sale Pd ! »
Alors j’fais ma ronde de folie, car faut bien gagner sa vie
Et voilà qu’j’ai la nausée, c’est c’t idiot qu’a tout cassé.
Je me résonne, doucement
Revient mes sentiments
Comme en fleur j’n’y connais rien
J’lui ai donné le sien !
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4. |
Un euromillionnaire
02:37
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Faudra que tu y ailles à pattes sans ta bagnole
Faudra bien regarder en face, les oiseaux, les gosses de nos écoles.
Tu as quoi dans ta besace de plus qu'une clé des villes ?
Tu travailles pour un fantôme d'un fantôme c'est qui au bout du fil ?
Tes paris perdent
Ton ange était ton diable ; lorsqu'il a parlé fort
Ses désirs trop longtemps contenus t'envoient dans le décor !
Pas de mal... Première chance... Il revient à la charge
Maintenant que tu es tout nu tu rameras dans son équipage.
L'argent et le confort, tout était pour lui plaire
Mieux vaudrait ne rien dire à ta femme de ta situation elle était tellement fière !
Mais l'train est en avance, et ça te fout les boules
Ne sais-tu pas que toutes tes actions étaient en différé ma poule ?
Tes paris perdent
Tout était favorable, pour ne pas que tu tombes
Ils avaient chassé les vagues, mais ils ne pouvaient pas chasser ton ombre.
Leur monde est si sordide, le tien si misérable
qu'hier encore la gentillesse se levait pour t'offrir une table ;
Tu as cru dans son sourire, tu as mangé de bon cœur,
C'était comme dans un rêve, et toi, tu aspires un jour au bonheur !
Bon sang c'est tellement triste, j'aimerais changer de chaîne
Mais le réseau fait des caprices... Elles sont toutes européennes !
Gentil cerveau cupide qui veut devenir Euromillionnaire
Faut pas jouer au plus malin, quand on est d'une souche ordinaire.
Ils préparent le terrain, n'as-tu jamais vu ton fantôme ?
A travers les vallées on a voté non, ils ont dit oui dans une assemblée d'une centaine d'homme !
Faudra que tu ailles à pattes sans ta bagnole
Faudra bien regarder en face, les oiseaux, les gosses de nos écoles.
Pourvu que tu t'en sortes et que tes clés fragiles
Ah... Les ambitions comme les tiennes, un jour, fassent des enfants plus subtils.
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5. |
Joli corps
03:09
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J’t’invitais au cirque tzigane, petite fleur
Mais tu n’as pas senti leurs âmes dans ton coeur
Tu m’as dit ces gens sont sales, leurs mœurs immorales
J’t'invitais à regarder l’automne, tout mon or
Magnifique sur les quais de la Saône, j’ai eu tord
Tu m’as dit j’préfère l’été
J’t’invitais à voir les sauvages, ma sirène
Sur la Loire les oiseaux de passage, mais hautaine
tu m’as dit t’es un gars louche, ton cul sur une souche
J’t’invitais au bord de la mer joli corps,
un jour où le vent était fier, excessivement fort
Et voilà que maintenant tu rigoles, qu’enfin tu es folle ?
J’t’invitais au cirque tzigane, petite fleur
Mais tu n’as pas senti la flamme dans mon coeur
Oh tu t’en foutais de l’automne, tout mon or
J’aurais pu être ton homme, j’ai eu tort
Tu m’as dis j’préfère l’été
J’ai cru que tes yeux étaient sauvages, ma sirène
J’ai vu ton corps, j’ai vu un mirage, j’ai de la peine.
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6. |
Ismaël
03:57
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Ismaël dit que je suis trop dur avec les autres. Et qu'un jour à leur tour ils se vengeront sur moi qui ne veut pourtant rétablir que les fautes, et lancer à mon tour mes chaussures sur leurs côtes. Alors quand le grand boss ce ramène plein de morgue, et de naïveté feinte, fausse politesse - pour offrir sa bouteille à celui qui sans orgues, c'est bien trouver son eau à la source et le reste - il me dit à ton poste en silence, garde ton job et ta science.
Je suis vieux j'ai vécu, je me fous de leurs mœurs. Ca fait trente ans que je bosse ici à la plonge de cette cantine, et toujours les nouveaux directeurs se succèdent et se mentent, alors songent que ces seigneurs, je les connais comme je connais le Maroc, l'Italie, la Sicile. Et quand je communique avec toi dans ta langue, pour celui qui m 'provoque je suis sourd, je suis muet. Car ces cons ils m'expliquent comment on travaille bien que je sois dans ces murs le plus vieux !
Mais Ismaël, pourquoi on te laisse solitaire ? Aujourd'hui à ton poste il y a besoin de deux personnes ! Toutes ces assiettes à laver encore, ces couverts, ces plateaux, ces bols, ces ustensiles et ces verres ! Tu ne peux pas être au four et puis au moulin. Au cul et à la gueule de se lave vaisselle ! Comment gérer ce tapi roulant à deux mains ? D'un coté le propre et de l'autre la poubelle ? Pas besoin d'avoir un bac plus trois, pour comprendre qu 'on ne peut pas !
Vous pouvez vous bercer, vous mentir étudiant. Fils à papa maman qui toujours en retard, rend son plateau sans songer que passe le temps, et qu'autour de vous dansent les balais vivants. On en voit même faudrait la chandelle je vous jure. Tandis que l'eau du lave vaisselle se dépense, que la grande gueule attend leur deux trois ordures, ils sont là, suffisant, ils digèrent, et ils pensent, qu'ici ces messieurs sont des clients, dans une cantine d'étudiant !
Alors avec Ismaël, on se regarde et on rit - De ces braves qui demain seront nos directeurs ! De ces braves qui ont tellement déjà de mauvais plis ! De ceux là qui n'ont encore jamais gagné leurs vie ! De ceux là qui nous feront des sermons sur l'hygiène ! Des études à n'en plus finir et sans bactéries ! De ces idiots béats devant des lois pérennes, quand dans l'instant un homme est solitaire l'ami, sur un poste, où on ne peut pas, sans avoir un bac ou trois !
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7. |
Abbeygate street
06:38
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Dans une auberge sans futur au toit bientôt effondré
Je commençais mes voyages avec trop de livres dans mon sac
Sur la baie de Galway, les oreillettes du Walkman enfoncées
Je réapprenais l'anglais avec Blood and the Tracks.
Rapidement je quittai l'auberge et mes camarades français
En quittant mon pays, je fuyais aussi sa langue.
Sous les combles d'Abbeygate Street debout sur un tabouret
Je fumais ma fierté sur les toits de décembre.
Aujourd'hui que je ne vois plus les yeux qui figeaient
Les premières années de ma sensibilité
Je me demande comment on fait ces sentiments là.
Nouveau et enthousiaste, la veille encore j'aurais suivi
Elisa à Dublin, mais le jour suivant arrivaient
Un ami ainsi que ma famille qui n'avaient malheureusement pas compris
Que celui que j'étais Elisa l'emmenait.
Ici mais absent, on me fit des reproches
Alors, je pris un Ferry et je laissai sur le quai
ma peine et mes défauts et ceux là de mes proches
Qui me voulaient comme avant, quand l'absence d'Elisa me rendait muet
Aujourd'hui que je ne vois plus les yeux qui figeaient
Les premières années de ma sensibilité
Je me demande comment on fait ces sentiments là.
Sans nulle part où aller, j'errai un temps puis je retournai
En détresse chez mon père où six mois m'absorbèrent,
Comme une mer étale que les marins redoutaient, quand naviguaient
Encore la Trinidad ou Santa Maria pour une quête sincère.
J'attendis, puis je rengeai ma chambre comme pour partir
Vers un voyage impuissant duquel on ne revient pas,
Quand un ami me dit l'homme que tu es te fait souffrir
J'ai une chambre pour toi rue Vasco de Gama !
Aujourd'hui que je ne vois plus les yeux qui figeaient
Les premières années de ma sensibilité
Je me demande comment on fait ces sentiments là.
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